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Méditations progressistes sur le COVID

Depuis quelques jours, la confusion règne. Nous avons le sentiment d’une perte de repères. Que nos dernières boussoles s’affolent. Nous pouvons craindre une forme d’agitation. Que les mesures prises ne soient ni nécessaires ni suffisantes. Ni assez rapides ni vraiment proportionnées. Nous sentons que nous sommes ballotés par une tachycardie collective. Aujourd’hui, notre seule certitude, c’est que nous n’avons pas le sens de la gestion de crise. Le tempo, c’est celui du doute. Le rythme, c’est celui de l’hésitation.

Alors comment imaginer une France forte, une France qui préside à son propre destin ? Sans même parler d’une Europe plus forte. Malgré le traumatisme des attentats de 2015, nous restons de modestes apprentis sur la voie de la résilience. Et nous n’avons pas de maître.

Ces méditations progressistes offrent quelques pistes. Elles sont celles de simples citoyens. Elles sont sans grands desseins. Elles forment quelques touches, impressionnistes, pour esquisser un tableau un peu plus clair.

Méditation sur la prudence

Nous en sommes sûrs, le progressisme est un réalisme. Notre parti, c’est celui de la vérité. Nous formulons donc quelques principes simples, sous le sceau de la prudence.

Ne jamais minimiser les risques. Diligemment. Pour être souveraine, résiliente, la France doit prêter une oreille attentive à ceux qui ont l’expérience de gérer le danger. C’est le cas aujourd’hui avec les médecins et les épidémiologistes, cela le sera de nouveau demain avec les climatologues. Pour l’heure, retenons que l’épidémiologie est une discipline à part entière. C’est la médecine qui s’approche de la frontière entre l’art de soigner et l’art de gouverner. Derrière les statistiques, il y a des vies humaines, mais pour ceux qui comprennent mieux avec des chiffres : si 60 % de la population risque d’être infecté, une létalité de 2% implique qu’un Français sur 100 y succombera. Socialement, c’est traumatisant. Économiquement, c’est déprimant. Politiquement, c’est paralysant. Il faut en prendre toute la mesure.

Savoir se dépouiller de ce qui ne compte pas. Paisiblement. Pour être forte, prête au rebond, la France doit mettre en pause ce qui peut attendre. Il s’agit de protéger ce qui compte le plus : limiter la propagation permettra de préserver les soignants et de contenir le nombre de victimes. Le reste a sans doute son importance en temps normal, mais il faut temporiser. Cela nous servira aussi à long terme à penser un modèle plus sobre et plus résilient. Il s’agit de repenser notre temporalité, réfléchir à ce qui compte ici et maintenant. En période de crise, il y a des choix à faire. Peut être qu’avoir un « nouveau maire » aurait bien pu attendre un semestre de plus.

Renoncer aux grosses ficelles. Résolument. Pour se donner une chance, préserver son avenir, la France doit renoncer aux idées faciles. On entend déjà les radicaux nous dire « avec tous ces immigrés qui ne sont pas vaccinés, faut pas s’étonner qu’on ait le virus ». Les mêmes qui rejettent la politique de vaccination du gouvernement. Les mêmes qui auraient démoralisé Pasteur en son temps.

Méditation sur le calme

Nous pouvons l’affirmer : le progressisme est un civisme. Notre premier choix, c’est de faire attention aux autres. Nous listons donc quelques objectifs imaginés dans le calme.

Ce qui compte d’abord, c’est le calme des citoyens. Constamment.Une France résiliente, souveraine face à la crise sanitaire, comme demain face à d’autres crises, c’est une France qui ne perd pas ses moyens. C’est une France qui suit paisiblement et scrupuleusement les consignes des pouvoirs publics. Ça tombe bien, dans cette crise sanitaire, elles sont simples et diffusées partout. C’est aussi une France qui tient à distance les fake news : elles pullulent sur les réseaux sociaux et nous empêchent de maîtriser la situation. C’est enfin une France qui aide les soignants à nous aider : nos réflexes individuels sont notre salut collectif. Il suffit d’un peu de sang froid pour y arriver.

Ce qui compte aussi, c’est le calme du gouvernement. Quotidiennement. La France forte que nous espérons, c’est une France gouvernée avec tempérance et détermination. C’est une France moderne, qui n’a pas peur de se réinventer de bout en bout, du service public de proximité, jusqu’à la tête de l’État. C’est une France qui se prépare et anticipe. C’est aussi une France humble, qui ne craint pas de reconnaître ses erreurs, une France qui apprend en permanence, qui est capable de réagir vite à court terme et de se transformer en profondeur à long terme. Des consignes aux enseignants à l’ouverture de transports inter-urbains, s’il faut revenir sur une décision pour mieux protéger la population, quelle pudeur électorale nous en empêche ? La force tranquille n’est pas une vieille recette, c’est une maxime actuelle.

Méditation sur la générosité

Il s’agit d’être clairs : le progressisme est un altruisme. Notre combat n’est jamais destiné contre l’autre, il est adressé à l’autre. Nous en tirons quelques conclusions, généreuses.

S’il est une certitude, c’est qu’il faut condamner la xénophobie exacerbée par la crise sanitaire. Immédiatement. La France résiliente que nous voulons, c’est une France unie, paisible. Car, à la fin de l’épidémie, il n’y aura pas de perdants et de gagnants. Il n’y aura que des morts et des vivants. Et parmi ceux-là, nous demeurerons condamnés à vivre ensemble. En France, en Europe, dans le monde. Pourquoi empêcher ce futur d’exister avec des invectives absurdes ? La France souveraine que nous espérons, c’est une France qui expurge la haine.

S’il est un impératif, c’est qu’il faut aider les plus vulnérables. Rapidement. Le rebond français ne viendra pas miraculeusement demain. Il est fait des petites mesures protectrices dès aujourd’hui. Pour préserver le carnet de commande et la trésorerie des entreprises les plus exposées. Pour garder une joie de vivre au quotidien des personnes les plus isolées. Pour soutenir la détermination et la force d’âme des soignants les plus mobilisés. Il se trouve que nos efforts budgétaires de ces dernières années nous l’autorisent. C’est à cela qu’auront servi nos efforts collectifs. À nous offrir plus de sécurité aujourd’hui. À inventer une France plus forte, plus résiliente, plus consciente des risques demain.

Prudence, calme et générosité, voici les points cardinaux de la boussole progressiste aujourd’hui. Dans la précipitation, ce sont nos réflexes qui nous guident. Dans la peur, ce sont nos principes qui nous aiguillonnent. Dans le doute, ce sont nos valeurs qui font avancer. Il fallait donc méditer.

Par Thomas Friang et Philippe Zaouati, co-fondateurs d'Osons le progrès.

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